Histoire de la tronçonneuse, ses origines, les (vraies) raisons de sa création
Elle rend de nombreux services aux propriétaires de jardins boisés, mais connaît-on l’origine de cet outil de coupe qu’on trouve aujourd’hui dans de nombreux foyers ?
La tronçonneuse telle que nous la connaissons aujourd’hui est pourtant le fruit d’une longue histoire que Swap prend plaisir à vous raconter :
C’est en effet au milieu des années 1800 qu’on va chercher à mécaniser le bûcheronnage, encore pratiquer à la main, opération fastidieuse, énergivore et chronophage la cognée se pratiquant à 2 bûcherons, chacun tirant de son côté une scie nommée le passe-partout.
Si les débuts de la mécanisation ont été chaotiques, avec son lot d’inventions aux mécanismes parfois plus pénibles que le passe-partout lui-même, la révolution industrielle, la vapeur d’abord, et les moteurs ensuite, va permettre la mise au point de produits beaucoup plus aboutis.
Deux noms émergeront de tous ces inventeurs qui se frottèrent à la question et à la réalisation d’une machine fonctionnelle et performante : Andreas Stihl et Emile Lerp.
Mais revenons à la question pose en préambule : pourquoi a-t-on inventé la tronçonneuse ?
Au commencement étaient les médecins accoucheurs
Quel rapport, vous vous demandez ?
Jusqu’au XVIIIe siècle, au moment de l’accouchement, si l’enfant restait coincé dans le bassin, les médecins pratiquaient une symphyséotomie. Des parties d’os et de cartilage étaient retirés pour créer un espace suffisant pour le passage du nouveau-né.
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les médecins utilisent un simple couteau pour réaliser cette opération. Une méthode longue, mais également peu précise et surtout extrêmement douloureuse pour la patiente.
On parle bien sûr d’une époque où péridurale, césarienne n’existaient pas. Or deux médecins écossais John Aitken et James Jeffray vont chercher à améliorer le procédé de la symphyséotomie.
Ils vont alors créer un outil constitué d’une longue chaine dentée munie d’une poignée à chaque extrémité. On enroulait alors pendant l’intervention cette chaîne autour de l’os pubien et on effectuait un mouvement de va-et-vient pour sectionner l’os et libérer le passage.
Comme ce nouvel outil rend bel et bien la procédure plus facile et moins longue, l’outil reconnu comme efficace se taille un joli succès dans le milieu médical…et au-delà.
En 1830, l’outil est amélioré par l’orthopédiste Bernhard Heine. Il présente l’outil amélioré comme une scie à os permettant une coupe nette et rapide, l’ostéotome.
Considéré comme l’un des outils les plus efficaces, il se répand dans le milieu médical et est utilisé pour d’autres opérations.
Il faudra néanmoins attendre les années 1900 pour que l’ostéotome d’Heine inspire certains bûcherons qui réaliseront le fort potentiel de l’outil et pour voir apparaitre les 1ères tronçonneuses pour l’abattage de grands arbres.
Evolution de la tronçonneuse
Dans les années 20, le contributeur le plus important à la cause de la tronçonneuse sera Andreas Stihl.
Andreas Stihl a fondé sa société en 1926 en Allemagne, Stuttgart après avoir déposé en 1925 le brevet pour une tronçonneuse (et en 1929 pour une tronçonneuse à gasoil).
Il commence tout d’abord par produire des scies à chaînes animées par moteur électrique destinées au tronçonnage des bois, puis pour proposer un engin plus mobile, l’homme va se pencher sur un modèle plus léger quand les moteurs de son époque sont lourds et encombrants.
Il ne mettra pas moins de 2 ans pour mettre au point une machine à moteur thermique qu’on peut désormais amener en forêt. Andreas Stihl est alors considéré à juste titre comme le père de la tronçonneuse ou scie portable.
Par la suite, il produira en masse ces tronçonneuses !
C’est en 1927 que sera commercialisée la 1ère tronçonneuse à essence. Son inventeur, Emil Lerp, mettra au point la 1ère tronçonneuse à chaine.
On attendra 20 ans de plus, 1947, pour voir apparaitre les 1ères chaînes à gouges, grâce à l’inventivité de son créateur Joe Cox
Et encore une petite dizaine d’années supplémentaires pour réduire le poids de la machine à une petite… vingtaines de kilos, de quoi être maniée par un seul homme.
Un poids qui a de quoi nous faire sourire, quand on sait que le poids moyen d’une tronçonneuse aujourd’hui se situe plus autour des 5 à 6 kilos…
Car bien sûr, avec les progrès issus des révolutions industrielle et technologique, les constructeurs vont produire des outils plus légers, plus puissants mais également plus précis et plus fonctionnels et doté d’un meilleur confort d’utilisation
Réservés autrefois aux professionnels, on trouve les tronçonneuses, élagueuses chez bon nombre de propriétaires de jardins. Les tronçonneuses sont en évolution permanente, puisqu’on trouve aujourd’hui à côté des modèles thermiques des tronçonneuses sans fil voire des tronçonneuses électriques.
A se demander d’ailleurs jusqu’à quel point cet outil de coupe est entré dans la culture de nos sociétés, et bien au-delà du domaine forestier.
La tronçonneuse : une icône ?
Que celle ou celui qui n’a jamais entendu parlé à défaut d’avoir vu « Massacre à la tronçonneuse » lève la main.
Ce film d’horreur s’est rendu mondialement célèbre grâce à la tronçonneuse thermique placée au centre de l’intrigue. Mais on pourrait également citer « Scarface », « Evil Dead », «La Dernière Maison sur la gauche » ou encore le 1er film où la tronçonneuse apparaît comme un instrument de torture : « Le Dernier Train du Katanga » (réalisé en1968).
L’univers des jeux vidéos n’est pas en reste, avec des jeux tels que Resident Evil, Doom, Grand Theft Auto, Silent Hill.
Enfin, la tronçonneuse a aussi été utilisée en musique par des groupes tels que Jackyl (Hard Rock) ou Gloomy Grim (Black Metal).
Quelques chiffres
L’utilisation de la tronçonneuse n’est pas sans danger.
Si le nombre d’accidents avec arrêt de travail pour 1 000 salariés en exploitation forestière en France a diminué depuis la fin des années 1990, celui-ci reste quand même élevé : 154 contre 39 pour l’ensemble du secteur agricole, en 2004, selon la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole.
En 2017, on estime que plus de 300 accidents graves surviennent chaque année avec une tronçonneuse en France.
Aujourd’hui
Destruction de la faune et la flore, contribution au réchauffement planétaire, disparition d’espèces…les ravages de la déforestation sont aujourd’hui largement connus et contestés. Néanmoins elle continue de sévir, les impératifs de rentabilité étant encore plus importants que les impératifs environnementaux.
Pourtant un ingénieur californien, Topher White, a mis au point un système ingénieux : partant du principe que la traque à la coupe d’arbres illégale peut se faire par le son, il a installé des smartphones programmés pour alerter les autorités locales dès que leurs micros captent le bruit d’une tronçonneuse.
Accroché à un tronc le téléphone portable est protégé des intempéries par une sacoche en plastique et est alimenté par un petit panneau solaire.
Quand le son d’une tronçonneuse est repéré, le smartphone envoie automatiquement un SMS ou un email aux autorités indiquant la position approximative des bûcherons.
« Les bûcherons illégaux ciblent des arbres de grande valeur au coeur de la forêt, ouvrant des chemins pour extraire le bois par camion », détaille-t-il. « Ces routes facilitent ensuite d’autres exploitations encore plus destructrices, comme l’implantation de colonies humaines, le braconnage, et finalement la destruction de la forêt pour créer des terres cultivables. »
L’idée lui est venu en 2011, lors d’une randonnée dans la forêt tropicale indonésienne. Il y aperçoit des hommes couper des arbres, alors même qu’il s’agit d’une zone protégée. Malgré la proximité géographique du personnel de surveillance du parc, personne ne semble s’alerter du bruit de leurs tronçonneuses : la rumeur de la dense forêt le couvre.
C’est dans la région de Sumatra, en Indonésie que Topher White a installé ses premiers téléphones.
Pour la petite histoire…
Bien sûr, ils sont plusieurs concepteurs de scies à chaîne à revendiquer l’invention de la première scie et toutes leurs affirmations remontent aux années 1920.
Néanmoins c’est bel et bien l’ostéotome d’Heine qui les prédisait tous.
Un inventeur californien du nom de Muir a ainsi déclaré avoir été le premier à mettre une chaîne sur un guide-chaîne à des fins d’exploitation forestière, inventant techniquement la première tronçonneuse à bois. Historiquement peut-être vrai, mais sa machine pesait plusieurs centaines de kilos et nécessitait une grue, pas franchement ce qui se fait de plus maniable pour partir abattre des arbres en forêt.
Logiquement cette invention n’a pas connu le succès commercial ou pratique escompté.
On trouve d’autres exemples de prototypes de scies à tronçonner ; la Hamilton de 1861 ou encore la scie à cheval américaine des années 1880 qui ressemblait à une machine à ramer sur laquelle les coupeurs pouvaient se poser.